Alors qu’il était enfant, Yacouba Sawadogo se fait prédire par un cheik qu’il accomplirait de grandes choses. Le bukinabé Yacouba Sawadogo grandit et devient plus tard, commerçant de pièces détachées. Il gagne bien sa vie. Mais un jour, pour des raisons de sens, il arrête tout et revient dans son village semi-désertique du Sahel. La population locale vit une famine. Yacouba décide d’arrêter l’avancé du désert et de rendre le sol fertile. Une folie pour les habitants du village.
Patient et persévérant, Yacouba cultive la terre en personnalisant et en améliorant une méthode ancestrale nommée Zaï. Il creuse des trous d’environ 20 centimètres pour y déposer du fumier et du compost à côté des graines. Dans chaque Zaï, Yacouba plante des grains de mil et également des graines issues de plantes. Les trous, qui recueillent l’eau, permettent à la terre de rester humide pendant 15 jours. Il utilise aussi des termites pour enrichir la terre. Grâce à la technique du Zaï améliorée, Yacouba Sawadogo réussi à multiplier son rendement par trois. Il parvient à créer une forêt sur 4 hectares (environ 4 terrains de football), sur une terre aride où la désertification gagnait du terrain depuis des décennies.
Malgré l’hostilité des habitants de la région, qui le croient fou, il persiste et partage de l’information lors des jours de marchés. Un jour qu’il est en ville, Yacouba voit une colonne de fumée au dessus de sa forêt. Des habitants jaloux ont mis la feu à ces années de travail… Yacouba se dit que s’il est si combattu, c’est qu’il doit avoir raison. Fort de cette conviction, il choisi de persévérer et décide d’augmenter la surface de ses champs. Il sème ainsi 1000 à 2000 plants par an. C’est une véritable forêt qui pousse. Des espèces animales s’y installent et une nouvelle flore apparaît.
Les habitants finissent par se rendre à l’évidence : l’idée folle fonctionne, Yacouba a fait reculé le désert. Deux fois par an, il organise « Les journées du Marché » sur son terrain et il transmet ses techniques. Des centaines de fermiers viennent des environs et échangent des graines. Yacouba Sawadogo a reçu de nombreux prix internationaux et même l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture s’intéresse à sa technique. D’autres obstacles se trouvent encore sur la route de Yacouba. Un projet immobilier, qui empièterait sur sa forêt, menace de voir le jour. Mais aujourd’hui, Yacouba Sawadogo n’est plus seul à défendre la forêt.
Erika Leclerc-Marceau & Martin Ferron
⇒ Première diffusion pour Microphone francophone : Fil rouge : des histoires qui aident à vivre et à remusicaliser le monde
- Remusicaliser le monde : Yacouba Sawadogo, l’homme qui fait reculer le désert
- En musique, de Bulgarie : Pritouritze Planinata (remix Martin Ferron)
- Un conte du Burkina Faso sur la communication
- Errances de l’auteur serbe Négovan Rajic (adaptation pour la radio MF)
⊕ Martin Ferron : Textes, Animation, Musiques et Réalisation
⊗ Erika Leclerc-Marceau : Animation et Textes