L’habitat influe sur nos vies. Pensons à l’importance que prend l’habitat comme projet ( de couple, de retraite… ), les moyens qu’on y accorde ; les influences du milieu de vie sur nos existences, le stress occasionné par un déménagement, les difficultés parfois dramatiques occasionnées par la crise du logement ou le recul de l’accès à la propriété (…). Personnellement cette question traverse ma vie à travers ma lorgnette de travailleur social, de citoyen ayant vécu, vu et analysé plusieurs expériences reliées à l’habitat ou encore de créateur culturel. Surtout, mon grand frère Eric était urbaniste; un urbaniste sensible
au bonheur pour tous. Il avait souffert d’être oublié si longtemps du marché du travail ( malgré ses maîtrises en gestion de projet et en urbanisme… ) et il était sensible au sort des exclus du monde moderne, aux timides aussi ( il y a un lien non ? )… « L’habitat pour tous dans un milieu de vie épanouissant » était une de ses convictions. L’habitat, il le voyait juste, accessible, équilibré, harmonieux (…). Ces mots, ces oeuvres lui sont dédiés. Merci mon frère.
Concernant les nombreuses causes et pistes de lumières reliées aux défis actuels de l’habitat, je ne m’en tiendrai ici qu’à ces quelques analyses, propositions concrètes ( il y aurait tant à écrire et à faire ) et créations culturelles. Une piste de lumière me semble particulièrement primordiale et me tient beaucoup à coeur. Elle peut s’incarner dans nos éthiques et actions personnelles en même temps que dans nos lois : cesser de considérer l’habitat comme un bien de consommation ( un marché ) sur lequel il est moralement, légalement et structurellement permis de s’enrichir démesurément ou de spéculer. Est-ce vraiment souhaitable et juste de fortement s’enrichir ( de façon individualiste, « égo-familiale » ou pire, cupidement ) sur un besoin commun aussi essentiel que l’habitat ? L’habitat est un droit inscrit dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme ( Art. 25 notamment ) ! Comme plusieurs, j’ai souffert de problèmes liés à l’habitat (refus de location ou de prêt hypothécaire à cause de mon statut d’artiste, propriétaires irresponsables face aux bris d’éléments de première nécessité, intolérance face à mes enfants…). Si ma tête sait analyser les enjeux du logement, c’est aussi avec mes émotions, mes expériences et mes aspirations que j’ai créé la chanson TOITS.
TOITS (Paroles & Musique : Martin Ferron – Dessins : Raphaël Sarfati)
J’entends ma blonde me dire : « oui, mais s’il n’y avait pas de propriétaires, on n’aurait pas pu louer notre maison ». Elle a raison. Mais notre propriétaire (« un musulman d’origine turque ») nous fait payer un prix abordable, a accepté de nous louer sa maison alors que nous étions « immigrants sans garanties », a voulu que j’y construise mon studio et comprend qu’un lieu de vie, ça s’use ( fortement avec des enfants ! ). Birol tient ce lieu en bon état et il nous dit souvent : « si un mois tu ne peux pas payer, tu me payeras plus tard ». Evidemment, de notre côté, nous sommes ( à peu près ) responsables, nous payons à chaque mois ( même parfois d’avance; c’est une façon de le remercier ). Mieux, nous nous intéressons à ce qu’il vit comme personne (…) et nous cherchons à faire bon voisinage.
Un peu de repos pour vos yeux ? Voici une capsule d’art radiophonique, inspirée par les enjeux de l’habitat ( et qui salue l’Abbé Pierre ). Ces quelques minutes d’intériorisation vous sont offerts par Erika Leclerc-Marceau & Martin Ferron. Poésie itinérante (Erika Leclerc-Marceau & Martin Ferron)
Autre piste de lumière : Habitat et Humanisme, un modèle à semer partout L’association française Habitat et Humanisme (fondée par le prêtre Bernard Devert) est à la pointe sur cette question. Elle construit, achète, gère et rénove des propriétés dans une approche innovante qui concilie « accès pour tous », esprit d’entreprise et mixité sociale. Un des programmes d’Habitat et Humanisme consiste en ceci : les propriétaires confient la gestion de leur logement à l’association qui le loue à un prix adapté aux personnes. En contrepartie, les propriétaires jouissent de nombreux avantages ( par exemple: tranquillité de gestion, avantages fiscaux, subventions de rénovations… ). Habitat et Humanisme propose aussi des produits d’épargne solidaire ( par exemple, l’épargnant accepte de faire don à l’association d’une partie des intérêts de son placement ), etc… Habitat et Humanisme participe activement au débat public, fait de l’accompagnement et développe aussi des résidences intergénérationnelles dans lesquelles chacun bénéficie d’un logement autonome, d’un accompagnement et d’espaces collectifs…
Oui, REMUSICALISER LE MONDE, c’est chercher le plus justement possible ( et dans la fraternité ), à traiter le territoire comme un bien commun; un bien pour tous, à partager, à malaxer du meilleur de nos spécificités et à pérenniser dans l’interdépendance.
MICROPHONE FRANCOPHONE ( saison 5 ) – Émission 19 : L‘habitat et nous
- Remusicaliser le monde : l’habitat et nous
- La chanson Toits (Martin Ferron)
- Des solutions à la crise du logement avec Habitat et Humanisme
- Culture de sens : « un autre possible pour l’habitat » (extrait du spectacle/CD/Livre Terre de l’aube, narration: Didier Lucien )
- Martin Ferron : Textes, Animation, Musiques, Réalisation et Montage (…)
- Erika Leclerc-Marceau : Animation et Textes