Dans un monde de plus en plus traversé par la société du spectacle et de l’image, les « imposteurs » seraient plus nombreux que jamais. Dans son livre nommé La Fabrique des imposteurs, le psychanalyste et auteur français Roland Gori décrit une société néo-libérale où partout prolifèrent les imposteurs ( « les comédiens » ? ). Logique. Par exemple, dès lors que tous les humains et secteurs sont mis en concurrence, c’est l’opinion que les autres se font de nous qui compte, du moins plus que la réelle valeur de nos personnes, idées ou oeuvres. Virtuoses des apparences, éponges des valeurs de leur temps et opportunistes, les imposteurs se fondent dans un certain moule qui cherche à plaire ( d’autant plus qu’on semble globalement de plus en plus en manque d’amour dans nos systèmes qui favorisent le narcissisme… ). Je partage l’analyse de Gori lorsqu’il décrit le phénomène : « … faire prévaloir la forme sur le fond, valoriser les moyens plutôt que les fins, se fier à l’apparence et à la réputation plutôt qu’au travail et à la probité, préférer l’audience au mérite, choisir l’opportunisme de l’opinion plutôt que tenir bon sur les valeurs, s’abandonner aux fausses sécurités des procédures plutôt que se risquer à l’amour et à la création… » L’imposture est jumelle du conformisme.
Pour libérer l’oiseau de la cage structurelle, la culture et l’audace de la liberté constituent deux possibilités d’envols. Mettre en cage le meilleur de nous pour sauver les apparences mène souvent à la souffrance… L’intégrité demande courage, amour et espoir, elle mène notamment à la liberté… Et si on peut être pénalisé à causes de nos actions et paroles intègres, rien ne peut emprisonner nos esprits libres qui espèrent et aiment. C’est cette liberté, luttant contre toutes les formes d’hégémonies, qu’appelle la chanson Le coeur est un oiseau du poète Michel X Côté et de l’auteur-compositeur Richard Desjardins. La version suivante est inédite. J’ai librement remixé et réarrangé cette chanson à partir de quatre versions live. J’y joins aussi ma pierre avec quelques parties d’orgue…
S’assumer, être intègre, c’est donner le meilleur de soi, de ce qu’on a compris de la vie ; c’est avoir un amour sain de soi pour partager aux autres une offrande généreuse, pour faire notre part au mieux, pour un monde remusicalisé. – Martin Ferron
Sur le sujet : Fil rouge cette émission : Aller au-delà des apparences…
-Remusicaliser le monde : l’intégrité pour sortir de l’imposture
-En chanson, « Le choeur est un oiseau » (Remix Martin Ferron)
-En Guinée, des blogueurs pour la transparence politique
-Le conte Deux pommes (Sacha Light, Côte d’Ivoire)